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La Littérature japonaise, des chats aux atomes

Décidément, il en va des littératures comme des jeunes bretteurs selon Corneille : leur valeur n'attend pas forcément le nombre des années. Comme la littérature russe, la littérature japonaise est récente : son acte de naissance renvoie à la fin du XIXe siècle, même si les écrivains nippons ne l'ont pas attendu pour créer. "Le Dit du Genji", roman de cour attribué à l'écrivaine Murasaki Shikibu, remonte au début du XIe siècle, et il est même antérieur à notre Chanson de Roland. Mais il a fallu huit siècles pour que cette littérature trouve une unité. Certes, pour bien des lecteurs, la littérature japonaise se résume à la figure contemporaine de Haruki Murakami, auteur de "Kafka sur le rivage", et éternel nobélisable - et aux figures passées de Mishima et de Kenzaburô Ôé. Pourtant, d'autres écrivains nippons tirent, chez nous, leur épingle du jeu. Comme la grande romancière et nouvelliste Yôko Ogawa, dont nous vous louions, il y a deux mois, les "Scènes endormies dans la paume de la main"... Par ailleurs, un genre littéraire japonais connaît en ce moment un vif succès : il rassemble ces romans qui vous parlent de chats (une tradition dans la littérature japonaise), de cafés hors du temps, de communautés informelles où l'empathie permet de se tenir chaud, et dont les titres sonnent comme des invitations à ralentir : "Tant que le café est encore chaud", ou encore "Chats sur ordonnance". Bien sûr, les raisons de cette faveur ne sont pas à chercher loin : nos psychés occidentales associent toujours le Japon à une appréhension sereine de l'existence. Évidemment, ce cliché, qui correspond à une réalité, trouve son contrepoint ailleurs - dans "Strange Pictures", polar très noir de l'influenceur Uketsu. Ou dans nombre de mangas, puisque le genre s'est emparé sans complexe des traumas nationaux. Ainsi Akira où le dessinateur Katsuhiro Ôtomo rejoue à l'infini, à coups d'explosions hyperboliques, le drame d'Hiroshima... Sommaire. Éveil et affirmation : une brève mais intense histoire littéraire. Panorama d'un archipel en huit chefs-d'oeuvre. Derrière l'arbre Murakami, une forêt d'écrivains à succès. Le feel-good nippon : le charme acidulé de la lenteur. Le manga, de la tradition au phénomène d'édition. Entretien croisé avec Muriel Barbery et Amélie Nothomb : "Le Japon est mon grand amour et il le sera toujours"
Date de publication
17/05/0001
Importance matérielle
pp.42-53