Comme l'explique l'écrivain américain David Grann à la page 11 de ce numéro, il n'existe plus, sur la carte du monde, de blancs où projeter nos fantasmes et nos rêves d'aventures. Alors réjouissons-nous qu'il y ait tant de bleu - cette mer "toujours recommencée" chère à Paul Valéry, et toujours recommentée, comme le montrent les nombreux livres récents qui nous proposent de la sillonner en songe. Unies depuis les origines, la mer et la littérature produisent encore de beaux enfants. Puisque, comme nous le dit Christophe Ono-dit-Biot, "on rêve tous d'être pirate ou corsaire", et puisque les vies de nombreuses navigatrices ont tordu le cou au cliché qui réservait les métiers de la mer aux hommes, piraterie comprise, aujourd'hui les visages de la littérature marine sont aussi féminins : Florence Arthaud, Catherine Poulain, Ellen MacArthur - ou Maud Fontenoy, qui vient de publier "L'Océan, source de vie", déclaration d'amour passionnée à l'élément marin et vigoureux plaidoyer pour la préservation de ses eaux. Dans ce dossier, nous explorons les tentatives des poètes pour fixer en mots la surface mouvante de la mer. Nous revenons à l'époque où elle fut objet de terreur, avant de devenir celui de notre fascination. Nous évoquons la frontière invisible qu'elle trace au coeur de l'humanité - qui est marin et qui ne l'est pas. Nous rappelons à votre bon souvenir les vaisseaux imaginaires prompts à embarquer les esprits des jeunes lecteurs. Et nous nous intéressons à ces yachts que Jules Verne, Guy de Maupassant ou Alexandre Dumas ont acquis, une fois la gloire venue. Pour fuir, se retrouver, vivre l'aventure, goûter à la liberté et renouer avec l'enfance - puisque la mer permet tout cela. Sommaire. Les mots face à l'infini des flots. Christophe Ono-dit-Biot : "On rêve tous d'être pirate ou corsaire". Etre marin au féminin. Elles ont marqué la mer. Oh, mon bateau ! Un ancrage romanesque. Quand les poètes se mettent en grève. Dernières sorties en mer.