Si le monde était un flipper, Mikael Ross en serait la boule qui rebondit au hasard des bumpers, dans une course effrénée en direction de cibles susceptibles de fouetter sa curiosité naturelle. Né avec un sens aigu de la bougeotte, le natif de Munich va là où son instinct professionnelle guide. Après un épisode de tailleur à l'opéra qui nous a valu une histoire pas possible sur Beethoven ["Ludwig et Beethoven", Dargaud], le dessinateur s'est souvenu de son passage dans le monde de l'éducation pour réaliser un thriller urbain où le béton n'est pas forcément le principal ennemi de la jeunesse.

Dans les années 60, Bob Dylan chantait les bienfaits du changement au sein de la société de consommation. Trois générations plus tard, tel un chirurgien esthétique ayant perdu la boule, la société dite du 9e art a tellement mis de coups de scalpel inconsidérés dans la tronche de la bande dessinée populaire qu'il devient de plus en plus difficile d'en parler sans passer pour un réactionnaire rétrograde.

Dessinateur rare, le natif de Nantes Stéphane Oiry fait partie de ce club ultra fermé qui regroupe exclusivement des gens ouverts à toutes sortes d'expériences tournant autour, dans ou à mi-chemin du dessin. Intéressé aussi bien par la BD, le fanzinat, l'illustration pour petites et grandes maisons d'édition que par le dessin de presse, ce spécialiste du contre-pied dans la surface de réparation a su trouver les mots justes pour adapter la cavale de Gilles Bertin en plongeant sa plume dans l'encre de ses souvenirs personnels.

Ni indépendant ni mainstream, le mangaka Usamaru Furuya n'en finit plus de jouer à l'électron libre depuis qu'il a quitté les Beaux-Arts pour s'adonner à sa passion d'enfance. Spécialiste des récits bien tordus au sein d'une société en pleine déliquescence, le Tokyoïte a bien voulu répondre à quelques questions rapides lors de son dernier passage à Paris pour le Salon du livre.