Tout commence au Proche-Orient environ 9500 ans avant notre ère. L'agriculture, la ville puis l'État y seraient apparus avant de se diffuser en Europe, c'est ainsi qu'on se représentait jusqu'ici l'origine de la civilisation. Une série de découvertes récentes vient bousculer ce récit.

"Tout est fiction", écrit Nancy Huston : le nom qu'on donne à son enfant, la généalogie qu'on se forge, les grands récits fondateurs et les utopies collectives. Ces récits - personnels, littéraires, religieux, artistiques, politiques - structurent notre appartenance au monde, nous lient avec autrui et nous ouvrent vers un ailleurs quand l'atmosphère est trop suffocante. Les récits ont envahi toutes les sphères de la société, et font l'objet d'un intérêt théorique, au point de donner lieu à un nouveau champ de recherches : les narrative studies. Pourquoi un tel engouement ?

Entre Russie, États-Unis et Europe, la militante anarchiste et féministe a mené une existence aventureuse scandée par des séjours en prison, qu'elle a narrée avec style. Plus de quatre-vingts ans après sa mort, elle continue d'inspirer.

Militante engagée contre le dressage des enfants au 19e siècle, elle a sillonné la France durant quarante ans pour donner à l'éducation préscolaire son visage actuel.

Le racisme est un fléau pour les sociétés contemporaines. Mais peut-on le combattre en se contentant de répéter que les races n'existent pas, et qu'elles ne sont qu'une construction sociale ou mentale ? Plusieurs essais récemment parus permettent d'aborder cette question sensible de manière plus éclairée et peut-être plus sereine.

Pour Erik Orsenna, il est question de créer des liens entre les fleuves qui parcourent nos membres et ceux qui répandent la vie à la surface de la Terre - "Et l'eau, c'est le lien !" nous répète-t-il à l'envi.

Son nom est indissociablement lié à la Comédie-Française alors qu'il vient d'ailleurs. Dans "Le Buveur de brume", récit très poétique sur ses origines maternelles, il raconte sa part russe et géorgienne. Rencontre à Paris avec un homme qui a quelque chose en lui de Tbilissi.

Décidément, il en va des littératures comme des jeunes bretteurs selon Corneille : leur valeur n'attend pas forcément le nombre des années. Comme la littérature russe, la littérature japonaise est récente : son acte de naissance renvoie à la fin du XIXe siècle, même si les écrivains nippons ne l'ont pas attendu pour créer. "Le Dit du Genji", roman de cour attribué à l'écrivaine Murasaki Shikibu, remonte au début du XIe siècle, et il est même antérieur à notre Chanson de Roland. Mais il a fallu huit siècles pour que cette littérature trouve une unité.

Comme un clin d'oeil à notre dossier du mois, c'est à un genre littéraire japonais que Lorraine Fouchet fait référence pour parler de ses livres. Fille d'un diplomate grand résistant, celle qui en publie depuis plus de trente ans près d'un par an fut aussi médecin urgentiste avant de se consacrer à sa vocation première, l'écriture. "Aller simple pour la joie", son nouveau roman, nous invite à retourner sur l'île de Groix, là où elle s'emploie à soigner les âmes de ses personnages et, au passage, celles de ses lecteurs.

Au rayon polar, il est un sous-genre qui prend de plus en plus de place. Depuis le célèbre "Da Vinci Code" de Dan Brown, il a conquis la planète avec ses intrigues mêlant énigmes historiques ou religieuses, affaires occultes, sociétés secrètes et autres mystères insondables sur fond d'enquêtes policières. Et ce printemps, les nouvelles parutions du duo Giacometti-Ravenne et d'Éric Fouassier, qui en sont les dignes représentants en France, rejoints par François Sureau, qui s'y essaie pour la première fois, nous offrent l'occasion de décrypter ce qui se cache derrière un tel succès.

Au jeu de l'entretien, la bande bruxelloise de L'employé du moi débarque casquettes vissées [ou bonnets c'est selon] sur les têtes, jeans, baskets et tee-shirts noir et blanc. Le match est intensif mais le filet toujours favorable : depuis vingt-cinq ans, les employé-e-s du moi enchaînent les manches sur tous les types de terrain numérique, et organisent à dates anniversaires des tournois amicaux.

Après avoir collaboré avec Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval et Lewis Trondheim, Matthieu Bonhomme s'associe à l'un des plus grands scénaristes de son époque, Fabien Nury. À eux deux, ils proposent une colossale histoire racontant la vie de Charlotte de Belgique, qui a suivi son époux Maximilien au Mexique, où elle est devenue impératrice. Prévue en trois tomes à son origine, cette série en comptera finalement quatre. Et c'est justement de ce dernier tome qu'il est question dans ce numéro.